Semaine du 19/11/2012 à 22h00 au 26/11/2012 à 22h00
Pas d'indices cette semaine et toutes les questions rapportent 2 points.
La semaine est terminée, place aux réponses…
True Grit
(True Grit)
imdb
de Joel & Ethan Coen
— 2010
Le Secret Magnifique
(Magnificent Obsession)
imdb
de Douglas Sirk
— 1954
"Je ne savais pas que le monde pouvait être aussi beau"... Cette ligne de dialogue, bouleversante, pourrait résumer le cinéma de Douglas Sirk, qui attaque avec Le Secret Magnifique son incroyable série de mélos Technicolor, parmi lesquels plusieurs remakes de films réalisés par John M. Stahl. J'avoue tout honte bue ne pas avoir vu l'original, mais mes pupilles me rermercient encore d'avoir vu le remake qu'en a fait Sirk... Rock Hudson et Jane Wyman sont au firmament, et je ne vous parle même pas de la photo de Russel Metty, chef-op attitré de Douglas Sirk et de quelques autres films, disons, sympatoches (oh, trois fois rien, hein... Spartacus, The Misfits, La Soif du Mal).
— proposé par Xavier
Body Snatchers
(Body Snatchers)
imdb
de Abel Ferrara
— 1993
Dans la filmographie du trés sobre Abel Ferrara, Body Snatchers est son film qui paraît le moins personnel. Pourtant sous ses allures de film de science-fiction de série B formatée, on trouve un grand film politique sur l'uniformisation de l'individu dans la masse, contre le confort de la pensée unique. La fin ne laisse planer aucun doute sur l'issue, avant un bref répit, la déshumanisation du monde est presque aboutie. Il était peut être sobre pendant le tournage, mais il avait pas le moral le petit abel.
Et puis je le dis comme ça, mais c'est son film le moins horripilant et le mieux filmé.
— proposé par Blackula
La Rue rouge
(Scarlet Street)
imdb
de Fritz Lang
— 1945
A la suite du succès rencontré par La Femme au portrait, Fritz Lang fonda avec son actrice principale Joan Bennett et le mari de celle-ci, son ami et néanmoins producteur Walter Wanger, une compagnie indépendante de production. Ayant appris qu’Ernst Lubitsch avait acquis les droits de La Chienne de Jean Renoir mais renonçait à en réaliser lui-même le remake, il reprit le flambeau pour en transposer l’action à Greenwich Village, le quartier des artistes de New York, l’objectif n’étant pas de faire une copie du film français, mais bien d’en adapter l’intrigue à l’atmosphère particulière du quartier.
Le film débute dans une ambiance de réalisme social, mais est déjà teinté d’un pessimisme et d’une amertume qui ne feront que s’amplifier ensuite : en effet, La Rue rouge est un film sombre, cruel, où l’ironie légendaire de Lang s’exprime bien moins dans la causticité que dans le désenchantement. Le parcours de Christopher Cross est irrévocable, et quand bien même le personnage chercherait à devenir enfin acteur de sa propre vie, le destin le ramènera à son insignifiant statut, celui d’un personnage avili, constamment « de trop », progressivement dépossédé de tous ses biens, y compris les plus impalpables.
Quelque part, on est en droit d’estimer qu’il y a beaucoup de Lang lui-même dans Christopher, ne serait-ce parce que La Rue rouge est son premier film véritablement indépendant et que le cinéaste avait des fantômes à exorciser. Sensiblement du même âge que son personnage, Lang avait lui même été peintre, était très probablement amoureux de Joan Bennett, et il avait depuis son arrivée aux Etats-Unis été obligé de lutter contre le système hollywoodien et, quelque part, de se compromettre pour arriver à créer selon sa propre vision, jusqu’à la névrose, jusqu’à l’auto-destruction. Pour cette raison, le parcours pathétique du personnage devient véritablement touchant, à l'inverse en quelque sorte de son film jumeau, La Femme au portrait, qui était en partie désamorcé par sa pirouette finale.
Film éminemment moral, qui prolonge la réflexion langienne sur la culpabilité, La Rue rouge ne mérite pas l’indifférence dont il a longtemps été victime, tombant dans le domaine public et demeurant souvent ignoré par les exégètes. C’est une œuvre majeure de plus dans la filmographie de l’un des cinéastes les plus méticuleusement (et brillamment) attachés à disséquer nos rouages intérieurs.
http://www.dvdclassik.com/critique/la-rue-rouge-lang
— proposé par ed crane
Fist of legend
(Jing wu ying xiong)
imdb
de Gordon Chan
— 1994
Remaker (si, ça se dit !) un film de Bruce Lee n'est pas chose facile, ses films sont loin d'être des chefs d'oeuvres mais le personnage est tellement charismatique qu'il vampirise toutes les scènes où il apparaît, c'est un des rares artistes qui peut se targuer d'avoir marqué le 7ème art -et plusieurs générations de mâle- bref, c'est une vraie légende ! Il a été copié des centaines de fois mais jamais personne n'est arrivé à sa cheville, et c'est là que ce remake de La fureur de vaincre tire son épingle du jeu, Jet Li (qui reprend le rôle tenu par Bruce Lee) ne copie à aucun moment les mimiques ou la technique martiale de Lee. Avec l'aide de l'excellent chorégraphe/acteur/réalisateur, Yuen Woo Ping, Jet Li s'invente son "Chen Zhen" et ils nous offrent des chorégraphies martiales plutôt réalistes (ici, personne ne fait des sauts de 15 mêtres de haut) et assez violentes. Malgré des scènes vraiment très similaires (hum, hum, enfin, j'me comprends), le film nous fait oublier la version de Lee, en plus la réalisation de Gordon Chan est bonne, du coup ça nous donne un très bon remake !
— proposé par L'Etranger
Massacre à la tronçonneuse
(The Texas Chainsaw Massacre)
imdb
de Marcus Nispel
— 2003
Quand Michael Bay a annoncé sa volonté de renover des classiques du cinéma fantastique avec sa société Platinum Dunes, un frisson d'effroi a l'échine de tous les fans, renforcé quand on a su que Massacre à la tronçonneuse serait le premier candidat. Et pour un coup d'essai ce remake s'est avéré une grande réussite (heureusement par la suite Platinum Dunes aura livré des remakes plus conformes à nos craintes), en évitant la copie conforme Marcus Nispel a su livrer une variation du fameux tueur à la tronçonneuse très impressionnante, avec une très jolie Jessica Biel ce qui ne gache rien.
— proposé par Rocka
Le plus escroc des deux
(Dirty Rotten Scoundrels)
imdb
de Frank Oz
— 1988
Michael Caine joue un escroc qui mène la belle vie à Beaumont-sur-Mer, au dépens des riches clientes des casinos qu'il arnaque grâce à des combines bien rôdées. Mais sa routine va être mise en péril par l'arrivée d'un arnaqueur amateur en la personne de Steve Martin.
Le film repose avant tout sur son duo comique. Celui fonctionne à merveille, jouant sur la complémentarité du personnage cynique et sophistiqué du Britannique et de celui naïf et gaffeur de l'Américain. Le rythme est soutenu et les gags fusent. Drôle, malin et très divertissant.
— proposé par groucho
Kiss of Death
(Kiss of Death)
imdb
de Barbet Schroeder
— 1995
Découvert à sa sortie ciné, un film où l'on pouvait découvrir un Nic Cage dans une de ses premières incursion dans le mode "over-the-top" qu'il a su parfaitement maîtriser ces dernières années, et un David Caruso qui croyait encore à sa carrière ciné après avoir quitté avec pertes et fracas le navire "NYPD Blue" qui l'avait lancé.
J'avoue ne pas avoir vu la version originale réalisée en 1947 par Henry Hathaway…
La capture présentait le "poids mort" utilisé par Nic Cage pour se faire les bras.
— proposé par zemat
Poseidon
(Poseidon)
imdb
de Wolfgang Petersen
— 2006
« Renversant !! » (Paquebot Magazine)
« Vous serez submergé ! » (Le Petit Optimist’)
...
Trêve de plaisanterie, ce film n’est certes pas à la hauteur de son « aîné ». Pas de Shelley Winters ni d’Ernest Borgnine, des personnages à peine esquissés et un scénario très moyen. Manquer de souffle pour un tel film, un comble (ou pas), mais toujours est-il qu’en matière de film catastrophe ce remake de Petersen n’est pas dans le top 20.
Restent des effets speciaux impressionnants, de belles images et des scènes d’action plutôt réussies, et ce petit plaisir coupable de retrouver Richard Dreyfuss et Kurt Russell.
A tester un dimanche soir.
— proposé par Zuul
Knock
(Knock)
imdb
de Guy Lefranc
— 1951
Louis Jouvet avait lui même co-dirigé une adaptation cinématographique de la pièce de Jules Romains en 1933, mais lorsqu'il reprend le rôle quelques années plus tard, c'est avec une maturité et une maîtrise de son jeu décuplées.
Car disons-le clairement, outre l'incroyable force du texte original (dans lequel les abus de l'hygiénisme laissent s'installer insidieusement dans une population un conditionnement à la soumission, à la servitude, qui trouve une résonnance particulière dans la France de l'immédiate après-guerre), le principal intérêt du film, c'est bien Jouvet lui-même, ce port de tête, ce phrasé, cette infinie palette de nuances, cette élégance inquiétante sans comparaison.
L'image choisie vous proposait un jeune Jean Carmet en train d'observer, éberlué, les pratiques du docteur dans son cabinet.
— proposé par ed crane
Le Convoi de la Peur
(Sorcerer)
imdb
de William Friedkin
— 1977
Remake supérieur au déjà trés bon "Salaire de la peur" de Clouzot, "le convoi de la peur" n'est malheureusement sorti qu'aux US, dans une édition dvd honteuse, à l'image proche de la VHS panandscannée.
Pourtant, il reste l'un (le?) des sommets de la carriére du cinéaste. Sur le tournage, Friedkin lisait "cent ans de solitude" de Garcia Marquez, dont l'influence se fait sentir dans la moiteur, la folie et la vision des autochtones.
— proposé par Blackula
13 assassins
(Jûsan-nin no shikaku)
imdb
de Takashi Miike
— 2010
J'avoue n'avoir découvert ce film que quelques heures avant la sélection de la capture…
Je trouve très curieux qu'entre son remake de "Hara Kiri" et ce "13 Assassins", les distributeurs français aient choisi de donner une sortie ciné au premier et non au deuxième…
J'ai vu "Hara Kiri" au ciné, et il m'a paru assez longuet, tandis que ce "13 Assassins" bénéficie d'une redoutable tension dans toute sa première partie, et le déroulement de la bataille des "13 contre 200" est admirable et très nerveuse.
La capture présente de loin le personnage comique du film, doté par la nature de pouvoirs (et d'un membre) surhumain.
— proposé par zemat
Les Femmes de ses Rêves
(The Heartbreak Kid)
imdb
de Bobby & Peter Farrelly
— 2007
Sur la pente descendante depuis plusieurs années (depuis Deux en un, leur chef-d'oeuvre, pour être précis), les frères Farrelly continuent toutefois leur petit bonhomme de chemin, bon an mal an, dégainant régulièrement des films honnêtes - que j'aurai toujours la faiblesse de préférer aux productions Apatow. Ne nous mentons pas, Les Femmes de ses rêves fait bien partie de ce creux de la vague. Ne serait-ce que parce que les deux frangins se reposent ici paresseusement sur le script de The Heartreak Kid, comédie vaguement regardable d'Elaine May avec Cybill Shepherd, réalisée en 72. Et pourtant, quelque chose résiste à la médiocrité : cet inimitable sens de la provoc, du scato, ce défi au bon goût et à la bienséance - autrefois constant et qui désormais ne surgit plus que furtivement, au détour d'un improbable gros plan de pubis ou d'un pano sur un âne en rut. C'est pour ce genre de détails, et bien d'autres petits trucs déviants, qu'on continuera à suivre d'un oeil amoureux le cinéma gentiment décadent de ces deux garnements vieillissants.
— proposé par Xavier
Monsieur Hire
imdb
de Patrice Leconte
— 1989
— proposé par groucho
The Crazies
(The Crazies)
imdb
de Breck Eisner
— 2010
Je me souviens avoir vu la version de Romero il y a tréééés longtemps, j'étais jeune, beau et insouciant, j'étais en pleine période film d'horreur et zombies (Dawn of the dead de Romero m'avait bluffé et je me rappelle m'être planquer dans la salle de cinéma à la fin de Day of the dead pour le revoir en suivant), bref, c'est un peu à cette période que j'ai découvert The Crazies de Romero et je dois avouer que la réalisation m'avait laissé un peu perplexe, le film ne m'avait pas plus emballé que ça (j'aimerai bien le revoir d'ailleurs). Enfin bref, fort de mes souvenirs, c'est avec un oeil distrait que j'ai commencé à regardé ce remake et petit à petit je me suis retrouvé plongé dans le film, pas qu'il soit une "tuerie", mais il est correctement réalisé, assez mouvementé et bien interprété ce qui nous donne une bonne petite série B comme je les aime !
— proposé par L'Etranger
Spéciale Première
(The Front Page)
imdb
de Billy Wilder
— 1974
Sans mauvais jeu de mot, « Spéciale première » a mauvaise presse. Antépénultième film d’un cinéaste vieillissant se sentant exclu des bouleversements du cinéma américain contemporain, ce projet d’une réadaptation de la pièce originale de Ben Hecht (dont Hawks avait tiré La Dame du Vendredi en 1940) avait échu sur le bureau de Wilder et d’Izzie Diamond après que Joseph Mankiewicz l’ait décliné. Les deux hommes furent immédiatement emballés par ce qui leur sembla un défi, d’autant que le scandale du Watergate donnait une résonance particulière à ce portrait décapant du milieu journalistique (que Wilder avait déjà égratigné, des années auparavant, dans son fabuleux Gouffre aux chimères).
On peut facilement comprendre ce qui motiva les deux hommes dans ce projet qui leur permettait de faire renaître, à leur façon, un cinéma d’antan alors révolu. Curieux mélange entre un esprit rétro plein de charme et une modernité assez âcre (notamment dans les dialogues), Spéciale première est une curieuse réussite, un film bâtard, anachronique, qui ne s’inscrit ni dans le registre screwball originel à la pièce ni encore moins dans ce que le cinéma américain pouvait proposer au milieu des années 70. Le film développe son ton propre, désabusé, cynique, amer, en un mot wilderien, intéressant notamment dans la manière dont Wilder aborde la question de l’homosexualité.
Toutefois, la critique de l’époque ne sembla pas comprendre le film, le public le bouda, et Wilder en ressentit encore d’avantage de ressentiment et d’amertume. Plus de trente ans après, il est urgent de réévaluer à sa juste valeur cette merveille de comédie noire, drôle et corrosive.
http://www.dvdclassik.com/critique/speciale-premiere-wilder
— proposé par ed crane
Psycho
(Psycho)
imdb
de Gus Van Sant
— 1998
Quand on entend parler du remake de Psycho on pense plutôt crime de lèse majesté que bonne idée cinématographique. Mais Gus Van Sant a su s'en tirer avec les honneurs, avec une idée intriguante, reprendre plan pour plan l'original du maitre. Ce choix va s'avérer une vraie réussite, et paradoxalement loin d'être une simple copie (notamment grace à son excellent casting) le film de Van Sant donne une impression anachronique très étrange qui colle parfaitement avec son sujet, et il a donc totalement sa place dans cette semaine remake.
— proposé par Rocka
Insomnia
(Insomnia)
imdb
de Christopher Nolan
— 2002
Remake du film norvégien Insomnia, réalisé par Erik Skoldbjaerg en 1997. Ambiance trouble, culpabilité et humanisme, un grand Al Pacino en flic usé, un Robin Williams à contre-emploi et une Hilary Swank déterminée donnent du caractère à la réalisation de Nolan, qui nous propose en outre des plans travaillés dans un décor magnifique. L’original est tout aussi intéressant.
On peut choisir... les yeux fermés.
— proposé par Zuul
Les Nerfs à vif
(Cape Fear)
imdb
de Martin Scorsese
— 1991
Remake spectaculaire du film réalisé par Jack Lee Thompson en 1962, le "Cape Fear" de Martin Scorsese n'est pas l'un de ses films les plus célébrés même s'il a logiquement été un succès commercial. Qu'importe si ce thriller intense et baroque ne compte pas parmi les œuvres emblématiques du grand Marty, ceux qui apprécient le maniérisme et jeu avec les symboles seront ravis. Car ici, le cinéaste s'amuse comme un fou avec son sujet et use de son génie visuel pour nous emporter dans l'enfer qu'il fait vivre à une famille d'apparence très propre sur elle. La figure de l'ange exterminateur est incarnée par Robert De Niro, qui semble plus s'inspirer dans son jeu de la performance de Mitchum dans "La Nuit du chasseur" que celle de l'acteur dans "Les Nerfs à vif". Bien qu'on pourrait taxer le scénario de légèrement moraliste, avec cette entreprise cruelle de vengeance Scorsese excelle à montrer la contamination du mal au sein d'un univers paisible qui prend progressivement des allures de cauchemar, où le sexe et la violence se mêlent parfois de façon malsaine entre fascination et répulsion. A côté d'un Nick Nolte en perdition, son épouse (Jessica Lange) et sa fille (Juliette Lewis) vivent des émotions contradictoires qui font aussi l'intérêt de ce remake qui ose plus l'ambivalence. La musique originale de Bernard Herrmann - sublime - a été réorchestrée par Elmer Bernstein et Scorsese invite même dans son film trois comédiens du film original (Robert Mitchum, Gregory Peck, Martin Balsam) ; le réalisateur s'inscrit donc - à nouveau et d'une certaine manière - dans l'histoire du cinéma américain tout en marquant avantageusement de son empreinte un sujet plutôt balisé.
— proposé par Roy Neary
L'Armée des 12 singes
(Twelve Monkeys)
imdb
de Terry Gilliam
— 1995
— proposé par Roy Neary
Le Cercle
(The Ring)
imdb
de Gore Verbinski
— 2002
— proposé par Blackula
Depuis leurs débuts, les frères Coen n’ont eu de cesse de revisiter les grands espaces de la mythologie cinématographique américaine, et s’ils avaient parfois effleuré les codes du genre (notamment dans Blood simple ou No country for old men), le registre fondamental du western manquait à leur exploration. C’est donc désormais chose faite avec True Grit, réadaptation du roman homonyme de Charles Portis qui pourrait également être vue comme un remake du film qu’en avait tiré Henry Hathaway en 1969 avec John Wayne, 100 dollars pour un shérif.
Le roman, à la première personne, était narré par Mattie elle-même, jeune fille éduquée avec force principes qui voyait sa droiture morale confrontée à la déliquescence et à l’effondrement du rêve suscité par le fantasme du Grand Ouest : dans True Grit, les icônes sont fatiguées, entre cet arsouille rabâchant son prestige révolu, ce Texas Ranger un peu dépassé ou ce bandit de grand chemin assez incapable. Surtout, les limites entre les hors-la-loi et les représentants de celle-ci se sont estompées, et chacun cherche surtout à défendre son maigre bout de gras.
C’est donc le regard d’une enfant sur un monde qui ne correspond pas à ses idéaux qu’offre True Grit, et en ce sens, ce périple à travers des terres inconnues prend progressivement des allures de conte initiatique, voire de fable fantastique : après avoir décroché un pendu d’un arbre trop haut, puis croisé un homme-ours, la jeune fille tombera dans un puits rappelant celui du personnage d'’Alice de Lewis Carroll (image choisie !)…
Enfin, une chevauchée nocturne sous un ciel d’artifice achèvera son apprentissage, avant un épilogue sublime (où la jeune fille devenue femme enterrera définitivement ses dernières illusions légendaires) au son de Leaning on the Everlasting Arms, chant populaire classique, déjà utilisé de façon inoubliable par Charles Laughton dans La Nuit du chasseur (lequel, de façon sensiblement différente, confrontait déjà un univers adolescent à la dureté du monde réel). La référence n’est pas anodine, et entre cette nature de remake, ce jeu sur les codes visuels du western (notamment dans l’utilisation du format large) et les quelques références qui parsèment le film, True Grit ne s’offre pas uniquement comme un très plaisant film de divertissement, mais aussi comme une variation supplémentaire, au sein de la filmographie déjà très riche sur le sujet des frères Coen, autour de l’imaginaire collectif étasunien, ses codes, ses figures, sa mythologie…
— proposé par ed crane